Voyager en Asie avec phobie des rats

Voyager en Asie avec la Phobie des Rats | Mon choc de l’extrême

Partir en voyage dans des pays tropicaux impose de se confronter à la faune locale bien souvent composée d’insectes à 15 pattes, de serpents avec mille rayures, d’araignées phosphorescentes et autres cafards de tailles qui dépassent l’entendement.
Vous n’y échapperez pas même en dormant dans des hôtels de luxe, même en fréquentant des sites ultra-touristiques, ces charmantes bestioles feront partie intégrante de votre quotidien. Bien sûr, certaines façons de voyager facilitent les relations et permettent de tisser des liens étroits avec de nouveaux compagnons de route qui s’invitent à la fête. Un voyage en sac à dos et à petit budget, par exemple.
Avant de commencer ce long voyage d’un an autour du monde (dont 6 mois en Asie du sud-est), je me suis posée une question existentielle. Vais-je arriver à les affronter ?
Ceux-là même, qui se faufilent et défilent, qui guettent, rongent, couinent, qui grattent et qui m’obsèdent. Vous l’aurez compris : je suis musophobe, c’est le nom donné à la phobie des rats…

Musophobie : n.f. Pathologie, peur extrême des rats, souris et autres petits rongeurs.

Va te rhabiller avec tes grands discours !

Un truc incontrôlable. Qui m’a hanté pendant des années. À tel point qu’à la seule vue d’une souris à la télé, je changeais de chaîne (exception faite de Mickey et Rémy de Ratatouille, eux ça passe). Complètement barrée la meuf ! J’en ai bien conscience, mais je ne sais pas par quel bout prendre ce chantier. Comment pourrais-je surmonter cette peur viscérale quand le simple fait d’en parler me fait frissonner ?

Les grands discours peuvent aller se rhabiller. Oui, oui, je te vois, toi, avec tes phrases toutes faites.
Oui, je sais qu’ils ne me feront pas de mal. Oui, je sais qu’ils s’enfuient à ma vue. Oui, je sais qu’ils ont plus peur que moi (ça reste à prouver). Oui, je sais que la petite bête ne mange pas la grosse. Blablabla.

Avouez que c’est carrément dégoûtant de voir sortir un rat d’un égout, de le voir passer en un éclair se faufilant le long d’un mur, de l’imaginer dans une cuisine en train de grignoter les poubelles. Beurk.
Non, ce n’est pas mignon du tout. 

Autant les serpents, les araignées, les insectes ne me font ni chaud ni froid. Mais les rats, c’est mon horreur suprême. Parce que c’est sale, c’est répugnant, parce que ça court vite, c’est répugnant, parce que ça se faufile partout, c’est répugnant, parce que ça bouffe tout, c’est répugnant, et surtout quand ça fait la taille d’une loutre.
Non, ce n’est vraiment pas mignon du tout. Du tout.

6 mois de voyage en Asie : bonne idée quand on a la phobie des rats ?

Alors nous v’là bien ! Voilà que nous programmons nos 6 premiers mois de voyage en Asie.

On a croisé des chiens errants qui aboient et vous filent le train. On a vu des araignées énormes, dans des toiles gigantesques. On a vu des cafards gros comme le pouce (dans nos chambres entre autres). On a vu des serpents passer devant notre roue de scooter ou même devant nos pieds en randonnée. Nos sacs ont été envahis par les fourmis.
Je vais bien. C’était même plutôt fun de faire connaissance avec la population locale.

Et on a vu des rats. Beaucoup de rats. Beaucoup trop de rats. Des énooooormes.
On en a vu plus que n’importe quelle autre bestiole. Parce que je ne vois que ça. Parce que je les cherche. Parce que je les trouve. Et j’en trouve partout.

À chaque fois, c’est toujours le même cirque. Je passe en mode panique à bord ! Je tremble, je hurle, j’attrape le bras de Bastien (ou de la personne la plus proche, je ne fais pas de distinction). J’ai les mains moites, mes yeux se remplissent de larmes. Il faut quitter cet endroit le plus vite possible.
1 h après, j’ai encore l’image qui martèle mon cerveau de cette horrible apparition qui vient de croiser ma route. Et je lutte pour la chasser.

Phobie des rats - Marché Région du Yunnan en Chine

Une excellente mise à l’épreuve pour vaincre sa phobie des rats ?

Mais je le savais. Je savais que pour partir, il fallait que je réussisse à surpasser ça. On n’a rien sans efforts.

Alors je prends sur moi. Autant que faire se peut (parce qu’en vrai, on peut).
6 mois en Asie, c’est une excellente -la meilleure ?- mise à l’épreuve, croyez-moi. Et je refuse que cette phobie m’empêche de poursuivre mon voyage. Aussi difficile la situation soit-elle parfois, j’ai malgré tout l’impression de me conditionner petit à petit.

C’est loin d’être simple. Il y a de temps en temps des offres intéressantes de chambres que l’on doit décliner parce que le “risque” est élevé. On évite les bungalows en bois en pleine cambrousse qui ont du jour entre les lattes. On évite les chambres aux murs humides ou troués (mais ça c’est pas plus mal).

Il y a des ruelles sombres qu’on évite la nuit. Parce que la nuit, tous les rats sont gris.

Parfois, je vois passer une ombre, et ce n’est qu’un chat. D’autres fois, je vois passer une ombre et ce n’est pas du tout un chat.

On a alors mis en place un genre de code (ouais les gros cinglés, mais no judgement ok ?). Pour désacraliser un peu la bête, mais aussi pour éviter de prononcer ce mot horripilant, j’ai eu l’idée d’appeler ça des “chips”. Je vous invite à deviner ce que je mangeais au moment de cette grande réflexion. On fait ce qu’on peut.

Ça a marché quelques temps, ce nom de code a connu son heure de gloire. Puis on s’est ravisés. Avant de faire face à un drame.
J’ai failli faire une syncope le jour où Bastien m’a dit cette phrase : “Nan, mais là y’a que des chips !”.
Nous étions au supermarché.
True Story.

Phobie des rats et Asie du sud-est : des exemples croustillants (t’as la réf des chips ?)

Vous voulez du factuel ? 

“Oh oui ! Oh oui ! Raconte-nous comment t’as grave flippé ta race !”

Hoi An – Centre Vietnam

Je me souviens de cette fois à Hoi An où je voulais simplement acheter une boisson dans une petite échoppe. Je vais me servir dans les frigos à disposition comme il est coutume de faire en Asie, puis je m’approche du comptoir pour payer mon dû. Tout d’un coup, j’aperçois une masse noire de la taille d’un chat (genre vraiment) qui se faufile à toute allure derrière le vendeur.
Le palpitant qui s’emballe, choc d’adrénaline, je perds tous mes moyens, laisse la cannette et le pauvre monsieur en plan pour m’échapper le plus vite possible, les jambes en coton.
Et non, ce n’était pas un chat. Mais bien un énoooooooorme chips ! Beurk beurk et re-beurk.
J’aime autant crever de soif ou boire l’eau croupie d’une flaque de 5 jours que de rester devant ce comptoir.

Kunming – Chine

Il y a eu cette fois en Chine. À Kunming, dans un parc, nous dégustions nonchalamment je ne sais quelle délicieuse chinoiserie. Mon repas à peine entamé, Bastien me dit “allez on y va !”.
“Bah pourquoi ? J’ai pas du tout fini de manger !” Lui répondis-je avec la douceur et l’amabilité qui me caractérise quand j’ai faim.

Puis, très insistant : “Allez, on y va, je te dis !!”.

Ok. Bien sûr. Je capte.
Je me lève d’un bond. Mon regard se brouille comme quand tu sens que tu vas virer de l’œil. Je commence à vouloir m’échapper, mais par où ? Et si par malheur je me dirigeais vers lui ? Je ne connais pas sa position géographique. Dans quel sens vais-je prendre mes jambes à mon cou ? Alors tel un espion, j’enclenche mon radar visuel : je le cherche. Je veux cibler mon ennemi pour mieux m’enfuir.
Mais cette fois-là, chers amis, je ne l’ai pas vu.
Et c’est terrible ! Parce que du coup, j’assomme Bastien de questions. Il était gros comment ? À combien de mètres de moi se trouvait-il ? Il était plutôt mou ou plutôt vif ? Ça fait combien de temps que tu l’as vu ? T’as attendu avant de me le dire ? Il est allé de quel côté ?

Bref, on fait des trucs complètement irrationnels quand on a la phobie des rats.

Phobie des rats - Région du Yunnan Chine

Nord Vietnam

Un soir au Vietnam, pour regagner notre auberge, nous devions traverser une ruelle sombre, très peu éclairée. Des poubelles jonchent le sol, des murs humides, d’immenses flaque de pluie, on y voit que dalle. Je sais les repérer moi les situations à haut risque, héhé on me la fait pas !
Mais cette fois, nous n’en croiserons pas (enfin, l’histoire ne le dit pas…).
Mais au cas où, Bastien a dû me porter sur son dos pour que mes pieds ne touchent pas le sol (on n’est jamais trop prudent). Ajoutez à ça une pluie battante et obtenez un tableau des plus pittoresques ! Au final, ça nous aura voulu un bon fou-rire, et rien que pour ça, ça en valait la peine.

Région du Yunnan – Chine

Un jour que nous nous baladions dans une contrée chinoise tout à fait bucolique, je remarquai que des dizaines de rats étaient écrasés sur la route et sur ses bas-côtés (par des tracteurs probablement, on était vraiment en pleine cambrousse).
Alors il faut savoir que j’ai aussi beaucoup de mal à les voir morts. Non pas qu’ils éveillent chez moi le moindre sentiment de pitié à leur égard, mais… s’il y a autant de cadavres, ça veut dire aussi qu’il doit y en avoir des bien vivants qui rôdent dans les parages ! Bon sang, je suis passée en courant sous ce pont, tel Usain Bolt le feu aux fesses.

Phobie des Rats - Région du Yunnan en Chine

Phong Nha – Vietnam

Je me rappelle aussi d’un épisode à Phong Nha avec Anaïs et Maxime (nos potes qui ont fait le tour du monde en même temps que nous). Nous avions  trouvé un p’tit resto sympa et pas cher… dans lequel nous n’aurons pas pu manger… Anaïs a eu le malheur de voir passer une souris et de le dire (pour ma part, je ne l’avais pas vue, mais Anaïs ignorait ma phobie). J’ai attrapé le bras de Max comme si ma vie en dépendait, et on a dû partir dans la seconde chercher un autre resto. Ils ont vraiment dû me prendre pour une cinglée.

Thaïlande : la destination idéale quand on a la phobie des rats

Et puis, il y a eu la Thaïlande. Alors là. Si on m’avait dit que ce pays était le QG officiel des chips du monde entier…
En fait, ils se retrouvent tous en Thaïlande les mecs, et font une fiesta d’enfer ! En même temps, je peux pas les blâmer, la Thaïlande, c’est vraiment trop cool. Bref.

À Chiang Mai, une nuit, on sort d’un bar, on passe devant un tas de poubelles (!) et BIM, une file indienne qui s’ échappe des immondices juste à un mètre de moi ! Syncope. Appelez les secours.

À Khon Kaen, je bois mon café, tranquillement assise sur le trottoir (non mais quelle idée aussi !), et PAF, y’en a un qui me fonce dessus tout droit sorti de l’égout avec sa longue queue dégueu là !
Le lendemain soir, on rentre du resto et qui c’est que je retrouve à slalomer entre les voitures garées ?

À Bangkok, on va au marché… Bon bref, vous avez compris. Un calvaire permanent. À tous les coins de rue.

Phobie des rats - Bangkok Thaïlande

Mais le pire, le pire du pire, c’était cette nuit-là. Cette horriiible nuit.
Je crois que je suis arrivée à la limite de ce que mon pauvre petit cerveau pouvait supporter.
Imaginez Bangkok la nuit. Imaginez Khao San Road, la rue des bars, la rue de la fête, la rue de l’animation, la rue où l’on mange, où l’on boit, la rue où tous les touristes consomment…
Imaginez qu’il est 5 h du mat’ et que cette rue, quelques heures auparavant en pleine effervescence, est devenue un théâtre glauque à souhait dont je vous épargnerai les détails sordides. Sauf un : d’immenses tas de détritus tous les 3 mètres tout le long de la rue (oui, parce que les touristes semblent trouver normal de tout jeter par terre).
Et devinez ce qu’on trouve à 5 h du mat’ dans les tas d’immondices et dans les poubelles éventrées ? Ils étaient là. Énormes. Par dizaines. Tout le long de la rue. C’était atroce. On aurait dit un mauvais épisode de The Walking Dead. Un cauchemar.

On soigne le mal par le mal il parait

Avec le temps et l’expérience que j’ai pris de plein fouet dans la face, j’ai finalement constaté une légère amélioration.
La Thaïlande m’aurait-elle aidée tout compte fait ? Un soir en Indonésie, après pratiquement 6 mois à traverser l’Asie, une souris est passée à 4 ou 5 m de la terrasse où nous buvions un verre. Je l’ai regardée passer avec tout le dégoût qu’elle mérite, mais je suis restée là, relativement stoïque et avec un flegme qui m’a surpris. Bastien, étonné, m’a dit “Ça va ? Tu veux rentrer à l’intérieur ?”. 

Alors qu’il y a encore peu de temps, j’aurais paniqué et me serai enfermée à double tour dans la chambre le temps de digérer l’info (oui, il faut bien fermer à clef car les souris ont les clés de nos cerveaux). Eh bien cette fois, je suis restée. Je l’ai affrontée (ma peur, pas la souris). 

Je ne dis pas que c’était un moment agréable et je suis loin d’être désensibilisée, mais la surprise de Bastien quant à ma réaction me prouve bien que j’ai fait un sacré bout de chemin…

Alors comment ne plus avoir la phobie des rats ? Eh bien, malgré moi, j’ai “soigné” (c’est un bien grand mot) le mal par le mal.

N’hésitez pas à aller lire d’autres de mes réflexions profondes sur le voyage !

Et enfin, si vous aussi, vous avez des phobies ou même juste des choses que vous n’aimez pas beaucoup beaucoup en voyage, je veux bien avoir votre avis ! Ça fait toujours chaud au cœur d’avoir des acolytes de phobies des rats (ou autres), on se sent moins seul et aussi moins givré.
Merci de m’avoir lue ! Cœur avec les doigts.

Le vrai courage, ce n’est pas de ne pas craindre les araignées, les rats, les cafards, les serpents…
Le vrai courage, c’est d’oser les affronter. 😉

Edit 2022 : Ceci est un message d’espoir. 😅
Il me semble important de faire une petite mise à jour quelques années après avoir écrit ce récit sur ma phobie des rats. D’abord, je me marre, parce que ça me rappelle beaucoup de souvenirs.
Je n’ai pas eu l’occasion de repartir en Asie et donc de tester ma tolérance vis à vis de ça aujourd’hui. Ce que je peux affirmer, c’est qu’en effet, ma phobie n’est plus ce qu’elle était. Je suis beaucoup plus apaisée face à ça.
J’arrive à les voir sur un écran et à les approcher sans aucune difficulté dans une animalerie (bon ok, ils sont en cage, et ce sont des petites souris la plupart du temps).
J’ai donc fait un sacré bout de chemin. Ça ne m’obsède plus.
Bon, c’est pas réglé, mais punaise, ça va vachement mieux quoi.

Marjo

Bonne vivante, j'adore me marrer et je ne refuse jamais un apéro, c'est un principe. J'aime partir à l'aventure en pleine nature avec mon sac à dos. Avec bonne humeur et sans langue de bois, je vous partage mes récits de voyages, mes conseils de vadrouille et notre vie d'expatriés à Toronto, au Canada !

View stories

Lâche ton com' !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

44 commentaires

Instagram
Facebook
Pinterest
fb-share-icon