Les pratiques touristiques estampillées “tourisme alternatif” se sont largement développées ces dernières années et de nombreux professionnels du tourisme profitent de ces vagues pour créer de nouveaux produits tendance en mettant en avant leur caractère de “voyage responsable”.
À l’heure de la prise de conscience climatique, de la protection de la planète et dans un contexte de sensibilisation face aux catastrophes naturelles souvent dévastatrices ces dernières années, certains acteurs du tourisme se démarquent en adoptant des positions plus “vertes”. 🌱
Alors, jolis coups marketing ou réels engagements ? Ce débat ne fera pas l’objet de cet article. En revanche, nous allons tenter d’y voir plus clair sur toutes ces appellations en leur donnant une définition simple pour que vous compreniez mieux de quoi on vous parle et que vous puissiez ainsi mener votre propre réflexion.
Tourisme équitable, tourisme vert, tourisme durable, tourisme éthique, écotourisme… Que signifient exactement tous ces termes ? 🌿
Tourisme alternatif : la définition générale
Le terme de tourisme alternatif est le terme qui englobe toutes les nouvelles formes de tourisme que nous allons définir plus bas. Tout d’abord, les différents exemples de tourismes alternatifs viennent en opposition avec l’industrie du tourisme “classique”.
Ensuite, selon les principes généraux des tourismes alternatifs, le tourisme “classique” cherche la rentabilité à tout prix sans considérer les effets néfastes engendrés sur l’environnement naturel, les populations locales et les sites culturels.
Globalement, le tourisme alternatif permet de mettre en avant des modes de voyages “dont l’impact sur l’environnement naturel et culturel ne serait pas nocif”.
Aussi, vous le verrez, d’une appellation à l’autre, il n’y a parfois qu’une virgule. Tous ces termes sont très liés dans leurs principes. En tout cas, ils défendent tous un principe commun : venir s’opposer à toutes formes de tourisme de masse.
Tourisme durable : le principe fondateur du tourisme alternatif
L’expression “tourisme durable” fait habituellement référence à toutes les variantes de tourismes alternatifs qui protègent, maintiennent et valorisent de manière pérenne les ressources patrimoniales (naturelles, culturelles et sociales) d’une région, tout en réduisant au maximum les conséquences néfastes qu’ils pourraient engendrer.
Définition du tourisme durable
Depuis les années 2000, on est plus conscients des retombées négatives du tourisme de masse. Le tourisme durable a pour but de mettre en œuvre toutes sortes de développements, d’aménagements, d’activités qui devront contribuer à préserver sur le long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales de la région concernée. Il prend aussi en compte l’épanouissement et l’équité entre les individus qui vivent et travaillent dans cette région.
Si vous êtes sensibles aux pratiques de développement durable, eh bien, tous ces bons usages peuvent s’appliquer au domaine du tourisme, c’est ce qu’on appelle le tourisme durable.
Tourisme durable : exemples de principes de base
Le tourisme durable doit répondre à des principes de base tels que :
- préserver les ressources naturelles, culturelles et sociales sur le long terme ;
- minimiser l’impact négatif du tourisme sur l’environnement ;
- sensibiliser et informer le touriste sur les questions environnementales et les caractéristiques culturelles du site visité ;
- apporter une expérience positive à la fois pour les visites et pour les populations hôtes ;
- contribuer financièrement à la conservation des patrimoines locaux ;
- valoriser les emplois durables ;
- veiller à ne pas creuser les inégalités ;
- agir pour la préservation de la biodiversité et limiter l’impact écologique des visiteurs.
💡Une Charte européenne du tourisme durable dans les espaces protégés (CETD) a été créée en 1995 par la Fédération Européenne des Espaces Protégés (EUROPARC), dans l’objectif d’intégrer le tourisme durable dans les sites naturels, de valoriser, faire découvrir et protéger l’environnement. Elle permet d’instaurer une gestion durable des activités touristiques.
Écotourisme ou tourisme vert
L’écotourisme correspond à un segment bien spécifique du marché touristique. Parfois appelé “tourisme vert”, l’écotourisme est l’une des formes du tourisme alternatif centrée sur la découverte de la nature, le respect de l’environnement et des populations locales.
« L’écotourisme est un voyage responsable vers des zones naturelles qui préserve l’environnement, maintient le bien-être des populations locales et implique l’interprétation et l’éducation. »
Société Internationale de l’Écotourisme
Principes fondateurs de l’écotourisme
L’écotourisme vise à unir la conservation, les communautés et le voyage durable. Cela signifie que ceux qui mettent en œuvre, participent et promeuvent des activités d’écotourisme devraient adopter les principes suivants :
- minimiser les impacts physiques, sociaux, comportementaux et psychologiques ;
- développer la sensibilisation et le respect de l’environnement et de la culture ;
- fournir des avantages financiers directs pour la conservation ;
- offrir aux visiteurs des expériences d’interprétation qui sensibilisent aux contextes politiques, environnementaux et sociaux des pays hôtes ;
- concevoir, construire et exploiter des installations à faible impact ;
- reconnaître les droits et les croyances spirituelles des peuples autochtones et travailler en partenariat avec eux pour favoriser leur autonomisation.
Un voyage labellisé “écotourisme” propose des activités encadrées et contrôlées. Prenons l’exemple de l’observation de la faune sauvage. Certaines espèces spécifiques peuvent être admirées, comme les lions ou les éléphants au Kenya, ou encore les oiseaux ou les baleines, tout en veillant à la protection des écosystèmes. Il s’agit également d’aider à rétablir ces écosystèmes dans une démarche proactive de “compensation de la dette écologique” engendrée par ce type de tourisme qui s’efforce de réduire son impact écologique.
Ce modèle de tourisme convient aussi bien aux pays développés comme la France, où il est représenté par l’Association Nationale de l’Écotourisme et du Slow-Tourisme que dans d’autres pays du monde.
Limites de cette forme de tourisme alternatif
Attention, ce genre de tourisme parfois qualifié de greenwashing (à juste titre), cache un tourisme de masse conventionnel présenté comme « vert ». Et c’est là tout le paradoxe…
L’écotourisme devrait avant tout éveiller les consciences sur la splendeur et la vulnérabilité de la nature. Certes. Mais en se basant sur cet argument, certains prestataires n’hésitent pas à offrir des circuits en 4×4, des atterrissages en hélicoptère, des piscines, la climatisation, sans se soucier de l’impact différé sur la faune, la flore ou les ressources naturelles locales.
Un nombre grandissant de vols ou de croisières ont vu le jour, générant une empreinte écologique importante. Par exemple, le transport de passagers vers l’Arctique ou l’Antarctique, ou bien vers les lieux de vie de cétacés.
Tourisme responsable ou tourisme éthique
L’objectif du tourisme responsable (ou tourisme éthique) est de préserver les ressources naturelles du territoire tout en améliorant les conditions de vie des communautés qui y résident. Cette forme de tourisme alternatif vise à faire face aux impacts du tourisme : dommages sur les écosystèmes, aliénation des terres, déstructuration des sociétés locales, etc.
“Le tourisme responsable vise à trouver des voies d’améliorations pour les trois grands piliers de l’activité touristique que sont l’environnement, l’économie et le social.”
Principes fondateurs et objectifs du tourisme responsable
Pratiquer le tourisme de façon responsable, c’est être conscient de l’impact que l’on va avoir sur l’économie, l’environnement, les populations locales… Le tourisme éthique fait donc appel à la conscience du voyageur et à sa façon de voyager. On cherchera à respecter l’environnement naturel, la culture et à favoriser l’économie locale. Des tas de principes que l’on retrouve dans le concept du slow travel.
Les objectifs :
- réduire les effets négatifs du tourisme sur la nature ;
- sauvegarder le patrimoine naturel et culturel ;
- adopter une conscience écologique.
De mon point de vue, le tourisme responsable s’adresse davantage aux voyageurs qu’aux entreprises de l’industrie du tourisme. J’entends surtout par là que cette forme de tourisme fait véritablement appel à notre responsabilité et à notre comportement en tant que voyageur, en tant que “consommateur”.
Limites
Encore une fois, la multiplication de labels tendant à vouloir attribuer de supposées bonnes pratiques à une entité, une association, ou à un groupement de voyagistes, ressemble plus à des démarches marketing de greenwashing qu’à de véritables mesures responsables.
Plusieurs chercheurs ont dénoncé le fait que, dans le cadre de cette approche “responsable”, le secteur du tourisme tente de conjuguer le terme “responsabilité” avec des politiques d’image. Le tourisme responsable doit être une volonté personnelle éthique, tant pour le voyageur, que pour les voyagistes.
Tourisme équitable ou tourisme solidaire
Le tourisme équitable ou tourisme solidaire est une forme de tourisme alternatif correspondant à un ensemble d’activités prenant exemple sur les principes du commerce équitable.
Critères principaux : participation des communautés d’accueil, partage équitable des profits et respect des communautés locales et de l’environnement.
Définition du tourisme solidaire (ou équitable) : « Le tourisme équitable s’applique sur les principes du commerce équitable. Les opérateurs touristiques sont en partenariat direct avec les communautés locales, qui sont rémunérées équitablement et participent directement à l’élaboration commune et à la gestion des séjours. »
📗 À lire : Manifeste pour le tourisme équitable et solidaire de mars 2021, proposé par la plateforme Commerce Équitable France.
Principes fondateurs du tourisme équitable
Ce type de tourisme s’inspire du principe du commerce équitable. Les buts :
- impliquer les communautés locales dans les prestations touristiques pour qu’elles bénéficient des retombées économiques ;
- améliorer leurs conditions de vie grâce aux retombées économiques ;
- répartir les revenus équitablement au sein des communautés.
J’espère que vous y voyez un peu plus clair et que les différentes formes du tourisme alternatif n’ont plus aucun secret pour vous.
Que doit-on retenir de tout ceci ? Eh bien, probablement qu’il appartient à chacun d’entre nous de comprendre comment fonctionne l’industrie touristique avant de foncer tête baissée en réservant un voyage qui fera plus de mal que de bien. Nous devons davantage nous positionner en tant que voyageurs responsables et toujours avoir conscience de l’impact de notre voyage sur l’environnement et les populations locales.
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